Quand Greenpeace se trompe de combat
En mal de buzz, chez Greenpeace ? La célèbre organisation écologiste a sorti l’artillerie lourde contre le groupe Volkswagen. Greenpeace a détourné le célèbre spot de pub « Dark Vador » du constructeur allemand pour dénoncer « le côté obscur de Volkswagen ». Toute la mythologie Star Wars y passe : sabres laser, wookies, méchants Siths et gentils Jedi… même la terrible Étoile Noire, qui arbore désormais le logo Volkswagen et s’apprête à détruire notre bonne vieille Terre. Fichtre ! Mais quel mal terrible a donc fait le constructeur de Wolfsburg ?
D’abord, revoici la publicité Volkswagen d’origine, au cas où vous l’auriez raté à la télévision. En quatre mois, elle a été visionnée plus de 40 millions de fois sur YouTube !
http://www.youtube.com/watch?v=R55e-uHQna0
Voici maintenant la version revue et corrigée par Greenpeace. Je vous ai prévenus, c’est du lourd :
(Notez au passage qu’à l’heure où j’écris ces lignes, le compte YouTube de Greenpeace a été suspendu suite aux plaintes de Lucasfilm Ltd, détentrice des droits sur la saga Star Wars. Forcément !)
La vidéo était déjà un brin puérile, mais Greenpeace ne s’est pas arrêté en si bon chemin. L’association a été jusqu’à créer un site : VWdarkside.com, où est publié un « Manifeste de la Rébellion », dont voici le préambule :
Notre planète – la Terre – est en danger. Volkswagen s’oppose à deux lois européennes stratégiques pour la protection du climat : la revalorisation de l’objectif de réduction des émissions, et l’adoption de normes plus strictes en matière de performance énergétique des véhicules. Sans ces mesures, la Terre connaîtra le même sort que la planète Aldérande : elle sera détruite par l’Étoile Noire. Mais tout n’est pas perdu. Nous sentons que la force accompagne Volkswagen.
Au delà du caractère un rien ridicule de la forme, le choix de s’attaquer exclusivement à Volkswagen est éminemment discutable. VW a été choisi comme bouc émissaire parce qu’il est le premier groupe automobile européen… et probablement aussi parce que sa publicité était facile à détourner !
Greenpeace reproche à Volkswagen de faire du lobbying auprès des instances européennes. Quelle découverte ! L’Europe a toujours marché selon ce modèle, avec les uns et les autres tentant de tirer la couverture à eux. Il n’en reste pas moins que grâce à l’Europe, les voitures ont accompli de formidables progrès en termes de respect de l’environnement : les émissions d’oxydes d’azote ont été divisées par quatre, celles de monoxyde de carbone par cinq, celles de particules par 28 ! Et les normes antipollution sont rendues plus sévères tous les quatre à cinq ans. Volkswagen est un bien piètre lobbyiste…!
Greenpeace conclut son « Manifeste » par ce sophisme : « En 2010, [les] modèles les plus économes en carburant ne représentaient que 6 % des ventes [de Volkswagen]. »
6 % des ventes. Or qui dit « vente », dit « acheteur ». Le métier de Volkswagen, comme celui de toute entreprise commercialement viable, est de proposer à ses clients les produits dont ils ont envie, au prix qu’ils sont prêts à payer. Si le client se fiche de l’écologie comme de sa première bouteille en verre consignée – ou n’est pas prêt à payer plus cher pour polluer moins, ce n’est certainement pas la faute de Volkswagen.
Bref, plutôt que de faire passer les constructeurs automobiles pour des méchants hollywoodiens à coups de « je suis ton père », Greenpeace serait mieux inspiré d’éduquer le consommateur. Mais c’est moins facile…
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