J’ai testé Autolib’ : bilan après 6 mois
À la fin de l’année, le service d’autopartage Autolib’ fêtera ses quatre ans. Quant à moi, cela fait déjà plus de 6 mois que j’y suis abonné. Conduire ces voitures grises et moches constellées de fientes de pigeon, une drôle d’idée pour un passionné d’auto ? Pas forcément, car Autolib’ présente pas mal d’avantages. Revue de détails et premier premier bilan, notamment financier.
La BlueCar : plus voiturette que vraie auto
On va passer vite fait sur le style, en se faisant juste la réflexion que Pininfarina a connu des jours meilleurs, et s’intéresser à la conception de cette BlueCar. Qui n’existe d’abord qu’en trois portes : moins pratique pour ceux qui voudraient trimbaler leurs enfants ou des amis à l’arrière. En outre, le coffre (plutôt spacieux) ne s’ouvre que depuis l’habitacle.
À bord, les assises très hautes ne conviendront pas aux grands, qui, comme moi, auront la tête dans le plafond. Plus gênant, la vision de trois-quarts avant ou arrière est tout simplement catastrophique : il faut faire attention aux intersections afin de ne pas écharper un piéton, ou lors des changements de file !
L’écran tactile du GPS est quant à lui installé trop bas, et peu réactif. En outre, la navigation ne possède aucun système d’infotrafic, ce qui est une lacune criante sur une voiture destinée à rouler dans Paris ! Pour le reste, si la BlueCar revendique des accélérations relativement vives, elle souffre de suspensions trépidantes et se montre étonnamment… bruyante. Un paradoxe, pour une voiture électrique.
L’infrastructure Autolib’ : géniale sur le papier…
Mais ce qui justifie l’abonnement Autolib’, ce n’est pas cette médiocre BlueCar, mais bien l’infrastructure en elle-même. À savoir plus de 3 300 voitures réparties dans près de 1 000 stations installées dans plus de 80 communes de la région parisienne. Rien qu’autour de chez moi (Saint-Cloud), j’en ai 3 à 10 minutes à pieds maximum.
Surtout, le point fort d’Autolib’, c’est le système de réservation : il est possible de booker une voiture à l’avance (vous avez alors 30 min pour monter à bord), mais aussi une place de parking à l’arrivée (elle vous est réservée pour 90 min). En clair : vous arrivez, vous vous garez, vous rebranchez l’auto, et c’est tout. À part le scooter, difficile de faire plus pratique ! Et au moins, quand il pleut ou qu’il fait froid, on est à l’abri…
…mais les « bugs » sont fréquents.
En théorie, donc, Autolib’ c’est du génie absolu. En pratique, les couacs sont cependant nombreux. Déjà, la propreté des autos est très variable, tous les utilisateurs d’Autolib’ n’étant pas soigneux. Le pire du pire : j’ai une fois retrouvé une CAPOTE USAGÉE dans le vide-poches. Nan mais sérieusement ? Faut pas avoir de race pour faire ça dans une Autolib et laisser sa CAPOTE USAGÉE pour le suivant !?
Plus gênant, il m’est arrivé de me retrouver avec une auto aux pneus bien fatigués : moyen pour la sécurité. Et puis il y a les nombreux « bugs » : de la borne qui plante à la voiture qui refuse de démarrer, en passant par la réservation de parking annulée sans explication ou l’écran tactile inactif ou défectueux. Enfin, les autres usagers de la route font parfois preuve d’incivisme, en occupant indûment les emplacements réservés à Autolib’.
Arriver à la station en pensant avoir une place réservée et découvrir qu’un c… y a garé sa voiture, sa fourgonnette, voire ses éléments d’échafaudage (véridique !), ça énerve. Personnellement, je n’ai aucune pitié pour ces malotrus : j’appelle direct le standard d’Autolib’, en espérant que la fourrière arrive rapidos derrière. Mais ce genre de comportement fait perdre un temps précieux.
Et ça coûte combien ?
L’abonnement est facturé 120 € par an, tarif que les promotions régulières et nombreuses permettent de réduire parfois de moitié. Mais il faut savoir qu’à raison de 5,50 € par demi-heure de location, le prix de l’abonnement ne pèse finalement pas lourd dans le bilan final. Au total, Autolib’ m’aura coûté un peu plus de 600 € pour 6 mois, soit 10,94 € de l’heure de location. Cela peut paraître cher, mais pendant ce temps, j’ai moins utilisé ma voiture : 1 100 km de moins sur la période, principalement des trajets urbains, ce qui m’a permis d’économiser environ 220 € de carburant.
Cela ne suffit pas à compenser le coût d’Autolib’, mais au moins je ne stresse plus au moment de chercher une place de stationnement, au moment de récupérer mon auto (a-t-elle été vandalisée ? bignée ?), sans parler des notes de parking élyséennes qui ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Et une telle tranquillité d’esprit, je trouve que ça n’a pas de prix.
Au final : stop ou encore ?
Bref, Autolib’ c’est ultra-pratique la plupart du temps, mais parfois terriblement agaçant. Reste que la souplesse du système permet de sortir sur Paris sans se poser de questions, et de conduire sans s’encombrer des contingences habituellement liées à la possession d’une voiture personnelle. J’aurais aujourd’hui du mal à m’en passer, si bien que, selon toute vraisemblance, je renouvellerai mon abonnement l’an prochain.
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