J’ai testé pour vous : le simulateur d’éco-conduite !
Vous avez sans doute entendu parler de la Semaine du Développement Durable, organisée par le ministère de l’Écologie et l’Ademe du 1er au 7 avril. À cette occasion, de nombreuses manifestations ont été organisées dans toute la France, y compris près de chez moi, au Domaine National de Saint-Cloud (92). Outre une poignée de véhicules électriques, la présence d’un simulateur d’éco-conduite a attisé ma curiosité. Après tout, j’ai déjà eu l’occasion d’obtenir un beau « diplôme d’éco-conducteur » (voir galerie en bas) lors d’une présentation de la gamme Skoda Greenline. Sûr de mon coup, j’ai décidé de relever le défi, afin de prouver qu’un journaliste automobile n’a pas nécessairement une semelle de plomb !
Si le terme « simulateur de conduite » vous évoque automatiquement les impressionnants engins utilisés par les compagnies aériennes pour former leurs pilotes (cabines montées sur vérins et tutti quanti), vous risquez d’être déçus ! Un siège baquet (quand même), un volant, trois pédales, un écran… et c’est à peu près tout. Mais pas grave : après tout, on est là pour corriger ses mauvaises habitudes de conduite, pas pour une simulation de rallye.
Jean-Pierre, le moniteur, m’accueille avec le sourire et se montre didactique et précis. Pas de doute : il maîtrise son sujet ! Il me fait d’abord suivre un parcours routier sans me donner aucune consigne particulière. Je décide donc de faire mon journaliste auto de base : pied à la planche, en tirant les rapports jusqu’à 4 000 tr/min (oui, c’est un diesel !) et en freinant au dernier moment. Sans surprise, le verdict tombe : avec seulement 8% du temps accélérateur relâché (tiens, j’aurais dit 0% du temps moi…), je suis classé dans la catégorie « semelle de plomb ».
Cette prestation digne du pire des cancres de l’éco-conduite ne désespère pas Jean-Pierre, qui entreprend un court briefing afin de me donner quelques conseils de base, qui peuvent se résumer ainsi :
- optimiser le passage des vitesses : s’agissant d’un « diesel », je dois passer le rapport supérieur à 2 000 tr/min. Pour un essence, ç’aurait été à 2 500 tr/min.
- respecter les limitations de vitesse. Jean-Pierre s’empresse de préciser, voyant ma moue : « l’éco-conduite, ce n’est pas se traîner, on ne perd pas de temps : on optimise son déplacement. C’est juste qu’à 120 km/h, on consomme 50% de plus qu’à 90, à cause de la résistance aérodynamique. »
- maintenir une vitesse constante, ce qui signifie éviter l’alternance de freinages et d’accélérations. « L’idéal, c’est d’atteindre rapidement sa vitesse de croisière, puis de complètement relâcher l’accélérateur », ajoute Jean-Pierre. « Ainsi, en remettant son pied sur la pédale, on peut doser plus facilement la pression nécessaire sur l’accélérateur afin de maintenir sa vitesse. »
- anticiper en utilisant le frein moteur. Sur les voitures modernes (à injection), l’alimentation en carburant est coupée lorsque l’on retire le pied de l’accélérateur, moteur en prise. Il faut donc porter son regard au loin afin d’anticiper les ralentissements. Plutôt que de maintenir les gaz et de freiner au dernier moment, on relâche l’accélérateur plus tôt et on se laisse ralentir.
Deuxième parcours, différent du premier pour ménager l’effet de surprise. Cette fois-ci, la tension est à son comble : je dois me montrer à la hauteur ! Je démarre en douceur, concentré sur le compte-tours afin d’optimiser mes changements de rapport. Du coup j’en oublie de surveiller la vitesse : un coup je suis trop lent, la minute d’après, trop rapide. Je dois aussi anticiper les réactions des autres véhicules, les carrefours, les côtes, les descentes. Quel boulot ! L’absence d’impression de vitesse est troublante. Tellement qu’à la fin du parcours, je rentre trop vite dans un rond-point… et termine sur le terre-plein central ! Je n’ose regarder Jean-Pierre, le rouge de la honte colore mes pommettes.
Le verdict tombe : j’ai conduit 38% du temps avec l’accélérateur relâché. C’est mieux, mais pas encore assez bien : je reste classé dans la catégorie « semelle de plomb » ! Je n’ai pourtant pas ménagé mes efforts. Néanmoins, cette conduite me permettrait, si j’en crois le simulateur, d’économiser 2 150 € par an en carburant !
Tout penaud, j’écoute les explications de Jean-Pierre : « à l’origine, je suis moniteur de pilotage sur circuit. L’éco-conduite, c’est du pilotage apaisé. Cela réclame les mêmes qualités d’anticipation et cela nous oblige à nous ré-impliquer dans la conduite. En adoptant cette méthode, il devient impossible de s’endormir au volant ! En outre, l’anticipation inhérente à l’éco-conduite permet également de diminuer le stress et d’augmenter la sécurité. »
Je dois reconnaître que ses arguments sont convaincants… et la démonstration édifiante. Le lendemain, en reprenant ma voiture, j’ai décidé d’appliquer ces conseils pour me rendre à un rendez-vous en banlieue parisienne. Même méthode : anticipation, lâcher d’accélérateur, frein moteur… et respect des limitations, quitte à me faire doubler par ce qui me semble être la moitié du parc automobile parisien ! À l’issue de ce trajet d’une demi-heure, l’ordinateur de bord affiche une moyenne de 7,4 l/100 km… contre 10,4 d’ordinaire. CQFD ?
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