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Cinéma : Weekend of a Champion

Week-end of a Champion

Cinéma : Weekend of a Champion

Week-end of a Champion

Weekend of a Champion

Comme promis dans mon précédent billet, voici la critique d’un des films les plus attendus des prochains mois, qui sortira en salles le 18 décembre 2013 : Weekend of a Champion, réalisé par Frank Simon et produit par Roman Polanski. Tourné au Grand-Prix de Monaco 1971, Weekend of a Champion est autant un portrait du pilote Jackie Stewart qu’un instantané de la F1 au début des années 70, avec son glamour et ses dangers. Je laisse la parole à la blogueuse cinéphile Claire, qui a vu ce film en avant-première et qui nous livre ici ses impressions.

Synopsis

En 1971, Roman Polanski, fan de sport automobile, a passé un week-end avec Jackie Stewart, champion du monde de Formule 1, lors du Grand-Prix de Monaco, qu’il a remporté ; Polanski a eu un accès privilégié à Stewart pendant trois jours, sur le circuit, mais aussi en dehors de celui-ci. Le résultat est un moment rare dans l’intimité d’un athlète surdoué, au sommet de sa gloire. Quarante ans après, Polanski et Stewart se sont retrouvés, ont discuté de ce sport qui a tant changé avec les années, de manière naturelle, unique et incomparable…

Week-end of a Champion

Weekend of a Champion

Avant de donner mon avis à proprement parler,  j’aimerais rappeler plusieurs choses sur ce documentaire. Tout d’abord, le film a été projeté à Cannes, mais il s’en est fallu de peu : il a en effet failli être détruit ! Flash-back : Roman Polanski découvre le travail du documentariste Frank Simon au festival de Cannes 1968. A l’époque, Polanski est fan de course automobile et c’est un grand ami de Jackie Stewart, le champion de Formule 1. Polanski a donc l’idée de demander à Simon de tourner un film sur le pilote, le temps d’un week-end d’exception, celui du Grand-Prix de Monaco. S’il ne réalise pas ce film (il est alors en train de tourner Macbeth), Polanski est sur plusieurs fronts à la fois : à la fois producteur, acteur et cameraman. Mais, contre toute attente, le film sombre dans l’oubli.

Week-end of a Champion

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Quarante ans après, Frank Simon étant décédé, Polanski décide de sauver le film menacé de destruction, le laboratoire détenant le négatif allant fermer ses portes définitivement…  Il le fait restaurer, et tourne un épilogue le réunissant à Monaco avec Jackie Stewart, dans le même hôtel qu’il y a quatre décennies. Polanski propose ce film remanié à la sélection de Cannes, et bingo : Weekend of a Champion est projeté au Festival 2013. Et il a eu bien raison…! Je n’ai pas vu le film à Cannes, mais à la Cinémathèque, en présence de Roman Polanski.

Week-end of a Champion

Weekend of a Champion

Tout d’abord il faut reconnaître une chose : c’est un film qui rend très bien sur grand écran. Le DVD sortant en janvier 2014  sera une solution pour voir le film et certainement en apprendre plus, mais Weekend of a Champion sur grand écran, ça dépote ! Nous ne sommes pas dans un documentaire-interview ou du contemplatif, mais bien dans de l’immersif. Frank Simon suit Jackie Stewart (presque) tout le temps et partout.  Nous le voyons ainsi en slip prendre son petit déjeuner Roman Polanski, et lui (nous) donner une leçon de conduite avec… une motte de beurre et un couteau ! On voit également Stewart discuter avec son poulain François Cevert, charrier gentiment Polanski, ou lui expliquer les vertus d’une ceinture de sécurité, demander des conseils diététiques à sa femme… Mais que les fans de F1 se rassurent : ce n’est pas de la télé-réalité,  ils en auront pour leur argent ! Nous suivons Jackie Stewart dans sa F1, en caméra embarquée : on a vraiment l’impression d’être aux côtés du champion sur la très étroite piste de Monaco. On a beau connaître l’issue de la course, on stresse quand même avec le pilote qui doute, on craint nous aussi la pluie et l’aquaplaning.

Week-end of a Champion

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Mais Weekend of a Champion n’est pas juste une captation : il bénéficie d’une belle mise en scène. On nous montre les paillettes, de petites anecdotes (le second tricot de corps oublié par Stewart, le vétéran Louis Chiron donnant le départ…), les paparazzi (le photographe qui veut absolument sa photo alors que Stewart l’envoie balader car il doit courir !), la Princesse Grace et le Prince Rainier de Monaco, les fans … Le réalisateur nous offre un point de vue parfois tendre, parfois amusé sur la douce folie qui régnait ce week-end. Le film pose aussi la question du danger de la course : derrière le glamour, la mort n’est jamais loin. Furtivement, on aperçoit le  visage fermé de Nina, la veuve du pilote Jochen Rindt, tous deux très liés aux époux Stewart. On sent la peur et le stress de la femme de Stewart avant et pendant la course. Le couple confessera d’ailleurs plus tard qu’ils ont dénombré une cinquantaine de morts à cause de la F1 dans leur entourage ! On apprend également que trois pilotes sont morts rien qu’en 1971, l’année de ce fameux Grand-Prix.

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Weekend of a Champion

Les retrouvailles quarante ans après entre Stewart et Polanski sont très émouvantes. D’abord les deux hommes s’amusent (comme le spectateur) des coiffures et des looks qu’ils arboraient à l’époque ! Au passage, il faut signaler que Stewart est un boute en train, mais c’est aussi un homme pédagogue, qui parle très bien – et très simplement – de son métier. Cependant, très vite, la conversation prend une tournure plus intimiste. Stewart raconte sa jeunesse écossaise, il confesse à Polanski sa dyslexie et son envie d’arrêter la course après le décès de François Cevert. La discussion dévie d’ailleurs assez rapidement sur les problématiques de sécurité, soulevées par Stewart dans les années 70 : à l’époque, il n’y avait aucune barrière de sécurité, et le film montre même un homme en train de dormir (!) sur le bord de la piste.

Week-end of a Champion

Weekend of a Champion

Stewart reconnaît que le sport automobile a bien changé, propos ponctués d’images récentes d’accidents spectaculaires dont les pilotes sont sortis indemnes (cette séquence a cependant été tournée avant le tragique accident d’Allan Simonsen aux dernières 24 Heures du Mans). La phrase du pilote est une belle conclusion pour ce documentaire : « À l’époque, la course automobile était dangereuse et le sexe sans risque »… tout le contraire d’aujourd’hui ?

Action, réflexion, émotion, témoignage d’une époque révolue : la formule idéale d’un documentaire à ne pas manquer !