Auto-architecture : Norman Foster
Ce mercredi 16 mai sort au cinéma un beau film documentaire sur le britannique Norman Foster. L’occasion idéale pour rappeler quelques-unes des créations de ce maître de l’architecture high-tech, et leur lien avec les univers de l’automobile et de l’aviation. Car Foster n’est pas seulement un « faiseur de buildings » : cet homme au caractère bien trempé et à la volonté en acier a très tôt adopté des principes que ne renieraient pas les meilleurs ingénieurs de l’automobile.
« How much does your building weigh, Mr. Foster ? » : tel est le titre de ce documentaire signé Norberto Lopez Amado et Carlo Carcas, mais aussi la question que posa à l’architecte l’un de ses mentors, son confrère américain Buckminster Fuller. « Combien pèse votre bâtiment ? » : une question qui peut paraître bien saugrenue à propos d’un édifice par définition immobile. Lorsque Fuller la pose à Foster, ce dernier aurait pu répliquer d’une boutade. C’était mal connaître le personnage : Norman Foster s’est aussitôt plongé dans ses plans, pour mieux se rendre compte à quel point les superstructures inutiles d’un point de vue fonctionnel encombraient la plupart des bâtiments. Dès lors, le britannique se fit un devoir de concevoir des structures légères, voire aériennes et souvent laissées apparentes.
L’ingénieur Colin Chapman ne pensait pas autrement : « Light is right », disait-il, le poids, voilà l’ennemi ! Ces masses inutiles, constamment traquées par les constructeurs automobiles. Et dans ce domaine, comme dans celui de l’architecture, les mêmes causes aboutissent aux mêmes solutions. Difficile ainsi de ne pas faire le parallèle entre le frêle châssis tubulaire d’une Mercedes 300 SL et l’aérienne coupole abritant la cour intérieure du British Museum de Londres : la structure à base de triangles, qui autorise le meilleur rapport rigidité/poids, est commune aux deux créations.
S’il n’avait pas été architecte, Norman Foster serait peut-être devenu pilote de ligne : une vocation née durant son enfance, pendant la Seconde guerre mondiale, dans une Manchester constamment survolée par des bombardiers, puis renforcée par un service militaire effectué dans la Royal Air Force. Une bourse pour l’université de Yale en décidera autrement : aujourd’hui, Foster vole bel et bien… mais pour son plaisir. Et il conçoit des aéroports, bien entendu, à Londres, Hong-Kong ou Pékin.
Enfin, en temps qu’architecte, Foster a également œuvré pour l’automobile. Tout le monde connaît son travail sur le spectaculaire Viaduc de Millau, avec son tablier profilé comme une aile d’avion et ses haubans aux allures de cordes de harpe. Mais Norman Foster a également créé le très high-tech McLaren Technology Centre à Woking.
Autant d’édifices que ce beau documentaire met en valeur grâce à des plans tour à tour larges ou serrés, aériens ou très esthétisants. Un voyage au cœur de la création de l’un des plus innovants architectes de son temps, et le portrait d’un homme hors du commun. Un bien bel hommage.
Edit : un deuxième avis ? Le regard d’une cinéphile avec la critique de Claire
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