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« Senna », le 25 mai dans les salles

Ayrton Senna au Nürburgring, en Allemagne (1984). © Angelo Orsi

« Senna », le 25 mai dans les salles

L'affiche française du film SENNA

L’affiche française du film SENNA

J’avais 16 ans lors de ce funeste Grand Prix de Saint-Marin 1994. Comme des millions de gens, je garde encore en mémoire les images de la Williams d’Ayrton Senna tirant tout droit au virage de Tamburello et percutant avec une incroyable violence le mur de pneus. J’attendais donc avec impatience le film Senna, qui sortira dans les salles le 25 mai auréolé d’un prix au festival de Sundance. Il y a déjà eu des documentaires consacrés à Ayrton Senna, mais c’est la première fois que le triple champion du monde a les honneurs du grand écran. J’ai eu l’occasion de le voir en avant-première, et tenais à partager mes impressions avec vous.

Du fait de son mode de distribution (même s’il ne sort finalement que dans quatre salles en France et à Monaco !), Senna s’adresse à un public plutôt large et ne prétend pas à l’exhaustivité. Réalisé en collaboration avec la famille du pilote brésilien, le film évite en outre toute polémique et ne s’attarde guère sur les causes du tragique accident du 1er mai 1994.
Ayrton Senna au Nürburgring, en Allemagne (1984). © Angelo Orsi

Ayrton Senna at the Nürburgring, Germany (1984). © Angelo Orsi

Senna préfère suivre un parcours chronologique classique, débutant avec les premières armes du pilote brésilien en kart à la fin des années 70 (émouvantes images en Super 8), avant de passer sans transition à son arrivée dans le grand cirque de la Formule 1, en 1984, au sein de l’écurie Toleman. La légende Senna commence véritablement cette saison-là, au Grand Prix de Monaco. Il part 13e sur la grille de départ, aux commandes d’une voiture guère compétitive. Mais alors qu’un véritable déluge s’abat sur la principauté, envoyant nombre de pilotes expérimentés comme Nigel Mansell ou Niki Lauda à la faute, Senna dévoile un talent insensé sous la pluie battante. Les images en caméra embarquée sont impressionnantes, surtout sur grand écran : les murs défilent à toute vitesse tandis que le brésilien trace un imperturbable sillon dans le torrent qu’est devenu la piste. Vu les conditions dantesques et l’insistance de Prost, alors en tête de la course, celle-ci sera finalement interrompue. Senna devra se contenter de la deuxième marche du podium.

Ayrton Senna et Alain Prost au Grand Prix du Mexique (1988). © Norio Koike

Ayrton Senna and Alain Prost at the Mexico Grand Prix (1988). © Norio Koike

Au-delà de ces épisodes de pilotage épiques – mais hélas souvent traités un peu trop vite – le film s’attache surtout à décrire la relation tumultueuse entre Senna et Prost, qui virera rapidement à la rivalité que l’on sait. Le pilote français n’est d’ailleurs pas toujours présenté sous son meilleur jour : dans Senna, on le dépeint comme froid et calculateur, jouant de ses relations avec Jean-Marie Balestre, alors patron de la FIA, pour arriver à ses fins. Au grand dam du pilote brésilien, qui répète à l’envi qu’il déteste ces considérations « politiques ». Les auteurs du film ont d’ailleurs exhumé d’édifiantes images de briefings d’avant course, certaines où la tension est palpable, d’autres où Balestre fait étalage d’une impressionnante fatuité.

Avec le début de l’ère Williams, en 1994, le tempo du film ralentit et met en lumière les difficultés croissantes que rencontre Ayrton Senna avec cette voiture impossible à mettre au point. Terrible scène où Senna et ses ingénieurs échangent des regards impuissants après une nouvelle séance de mise au point infructueuse… La tension monte jusqu’à ce funeste Grand Prix de Saint-Marin, qui voit Rubens Barichello échapper miraculeusement d’un violent accident le vendredi, avant que Roland Ratzenberger ne se tue le lendemain lors des qualifications après une casse d’aileron. Senna montre bien à quel point l’ambiance était lourde à Imola ce week-end, au point que Sid Watkins, le médecin attitré de la Formule 1, avait suggéré au pilote brésilien qu’il n’était pas trop tard pour tout arrêter…

Ayrton Senna au Grand Prix de Saint-Marin (1994). © Karin Sturn

Ayrton Senna at the San Marino Grand Prix (1994). © Karin Sturn

Malgré un final un peu trop larmoyant (mais les images de dévotion du peuple brésilien pour son idole sont impressionnantes), Senna s’impose comme un bel hommage à un pilote hors du commun. Les passionnés de Formule 1 n’y trouveront aucune révélation, mais ils auront sans doute plaisir à revoir des images peut-être oubliées. Les autres y découvriront un personnage attachant, mêlant grande sensibilité (y compris sur le plan mystique), fidélité en amitié et combativité extrême sur le circuit. Un homme qui confiait quelques mois avant sa mort qu’à ses yeux la compétition automobile n’était pas tout, et qu’il comptait profiter de « l’autre moitié de [sa] vie » pour devenir quelqu’un de meilleur.

PS : d’autres avis ? Lisez les critiques de Claire, une cinéphile, et de mon confrère David Bénard, journaliste spécialisé dans le sport auto.

L’affiche française du film SENNA

5 commentaires

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Vincent Desmonts

Mauvaise nouvelle : si j’en crois le site Allociné, ce film ne sortira que dans… 2 salles pour toute la France ! Amis Manceaux et Niçois, vous êtes chanceux. Les autres… tant pis pour vous ! Il ne vous reste plus qu’à attendre la sortie en DVD. 🙁

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Vincent Desmonts

Rectification : Senna sort finalement dans… 4 salles ! Dont une à Paris, aux Halles. Les séances sur Allociné.

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Vincent Desmonts

Dernière nouvelle : si vous l’avez raté en salles (y’a des risques !), Senna sort en DVD et Bluray le 25 octobre 2011 !