Auto-architecture : Marina City, Chicago

Les terrasses de Marina City © Vincent Desmonts

Auto-architecture : Marina City, Chicago

Marina City (photo CC Flickr/moaksey)

Marina City (photo CC Flickr/moaksey)

Après le Lingotto de Turin, bâtiment emblématique de l’architecture industrielle, intéressons-nous aujourd’hui à un autre genre d’édifice : les tours jumelles Marina City de Chicago. Bâties au début des années 60, les tours Marina City se démarquent encore aujourd’hui dans la skyline de Chicago, avec leurs balcons arrondis leur donnant une allure d’épis de maïs, leurs 20 niveaux de parkings à claire-voie, leurs 65 étages et 179 mètres de hauteur. À l’époque, Marina City était à la fois une prouesse technologie et une révolution architecturale.

Vous allez me dire qu’on s’éloigne du monde de l’automobile. Pas complètement : après guerre, la croissance économique et la démocratisation des voitures particulières pousse les Américains à s’éloigner des centre-villes. C’est alors que se développe le modèle urbain nord-américain tel qu’on le connaît aujourd’hui, avec ces interminables banlieues desservies par d’immenses autoroutes interconnectées grâce à de tentaculaires échangeurs.

L'East Los Angeles Interchange, construit dans les années 60.

L’East Los Angeles Interchange, construit dans les années 60.

Néanmoins, un groupe d’architectes formés en Europe se refuse à voir les centre-villes se dépeupler. Ils veulent utiliser les progrès réalisés en matière de béton armé pour construire des « villes à la verticale ». Le plus célèbre d’entre eux est Le Corbusier, auteur des « Unités d’habitation », dont la fameuse Cité radieuse de Marseille. Bertrand Goldberg, natif de Chicago et formé au Bauhaus en Allemagne, est son pendant américain. Sa création la plus célèbre est cette Marina City.

L'architecte Bertrand Goldberg (premier à gauche) devant la maquette de Marina City

L’architecte Bertrand Goldberg (premier à gauche) devant la maquette de Marina City

L’idée est simple : réunir dans un seul bâtiment des logements, des bureaux, des commerces, des lieux culturels, des parkings et même… une marina. Les plans sont originaux, avec les 19 premiers étages occupés par un parking en spirale (896 places par immeuble), un 20e étage doté d’une laverie automatique avec vue panoramique sur la ville, et 450 appartements répartis sur les étages 21 à 60. Une terrasse en plein air est installée au sommet. Ses promoteurs affirment que Marina City est véritablement « une ville dans la ville ».

Marina City, appartement témoin (vers 1960)

Marina City, appartement témoin (vers 1960)

Chaque immeuble est bâti autour d’un cœur en béton armé regroupant escaliers et ascenseurs, tandis que 16 éléments d’habitation en forme de part de pizza sont répartis sur la circonférence. Un élément constitue un studio, un élément et demi, un deux pièces, deux éléments et demi, un trois pièces. Chaque élément s’ouvre sur un large balcon en arc de cercle, avec le paysage urbain en ligne d’horizon.

Plan d'étage de Marina City

Plan d’étage de Marina City

La première pierre est posée le 22 novembre 1960, les premiers habitants emménagent moins de deux ans plus tard. Les tours de Marina City sont alors les plus hauts immeubles d’habitation au monde. La vue panoramique sur Chicago qu’offrent les appartements font rapidement la renommée de l’édifice. Très vite, un restaurant est ouvert, suivi d’une banque, d’un cinéma comptant trois salles… En 1980, Marina City devient mondialement célèbre grâce à une scène de course-poursuite de l’ultime film de Steve McQueen, Le Chasseur. La scène se termine par une spectaculaire cascade où une Pontiac Grand Prix s’élance des étages supérieurs du parking pour s’abîmer dans la Chicago River.

Marina City apparaîtra ensuite dans de nombreux films, téléfilms et séries TV, comme K2000, Rien en commun (1986, de Garry Marshall avec Tom Hanks), The Blues Brothers, I Robot, The Dark Knight,… Ses appartements figurent aujourd’hui parmi les plus cotés à Chicago.

Les terrasses de Marina City © Vincent Desmonts

Les terrasses de Marina City © Vincent Desmonts

Pour en savoir plus : Marina City Online, le site de référence sur Marina City.

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