Reportage : une visite guidée chez Artega

L'usine Artega à Delbrück

Reportage : une visite guidée chez Artega

L'usine Artega à Delbrück

L’usine Artega à Delbrück

Vous ne connaissez pas Artega ? Je vous pardonne bien volontiers : fondée en 2006, cette marque allemande reste très méconnue. D’ailleurs, à l’heure où j’écris ces lignes, seules deux Artega ont été immatriculées en France ! Implantée à une centaine de kilomètres de Duesseldorf, l’usine ultramoderne fabrique un élégant coupé sportif selon des méthodes mêlant artisanat et dernières technologies. J’ai eu l’occasion de visiter les lieux et de m’entretenir avec le nouveau patron, Peter Müller, sur la difficulté qu’il y a de lancer une nouvelle marque sur le marché très fermé de la voiture d’exception.


De loin, on dirait un de ces centres commerciaux ultra-design. D’ailleurs, il y a même un restaurant italien à l’entrée. Mais non : il s’agit bien du siège d’Artega et de l’usine qui fabrique l’un des coupés les plus exclusifs au monde. Tout brille de mille feux, les peintures sont étincelantes, les ateliers d’une propreté immaculée. Et pourtant, malgré sa jeunesse (elle fut créée de toutes pièces en 2006 par Klaus Dieter Frers, patron d’un équipementier spécialisé dans l’électronique embarquée), la marque Artega a déjà une petite histoire bien mouvementée.

L’aventure commence pourtant bien, avec un joli prototype présenté au salon de Genève en 2007. Dessiné par le talentueux danois Henrik Fisker, c’est un coupé très compact qui veut concurrencer la Porsche Cayman. On parle alors d’une production dès l’année suivante, mais la crise des subprimes éclate, le marché automobile plonge… et Artega avec lui. Même pas lancée, la marque est déjà menacée ! La firme allemande sera finalement sauvée début 2010 par le fonds d’investissement mexicain Tresalia Capital (également propriétaire de la célèbre bière Corona !).

La chaîne d'assemblage de l'Artega GT © Vincent Desmonts

La chaîne d’assemblage de l’Artega GT © Vincent Desmonts

Reste que dans les vastes ateliers de l’usine de Delbrück, ce n’est pas l’effervescence. « Il y a environ 6 semaines de délais de production », m’indique le candide attaché de presse. Autant dire que la clientèle ne se bouscule pas au portillon. Il faut dire qu’outre son caractère méconnu et un réseau encore embryonnaire (un seul distributeur pour toute la France : Chassay, seulement 6 en Allemagne), l’Artega GT souffre également d’un tarif élevé : 84 000 €, soit 17 500 € de plus qu’un Porsche Cayman S comparable…

Peter Müller, le maître des lieux, est bien conscient du problème. « C’est vrai que nous ne sommes pas encore vraiment visibles sur le marché de la voiture de sport », reconnaît ce quinquagénaire énergique, « et notre petite taille nous oblige à payer nos composants au prix fort. » Face à un géant comme Porsche, qui produit plus de 100 000 voitures par an et génère du coup d’importantes économies d’échelle, difficile de faire son nid. Mais Artega veut faire de cette faiblesse un atout : « Nous misons sur l’exclusivité et la personnalisation. La voiture étant assemblée à la main, nous voulons vraiment pouvoir nous plier aux desiderata du client. » Comme pour me prouver le caractère artisanal de la production, Müller me fait visiter l’atelier.

Le châssis est composé d’une baignoire en aluminium à l’avant et d’un treillis tubulaire en acier à l’arrière. À part les superbes profilés longitudinaux en forme de S qui sont livrés tout faits, tous les éléments du châssis sont mis en forme dans l’usine et soudés à la main sur un marbre. « Grâce à cette conception, la voiture ne pèse que 1 285 kilos à vide », explique Peter Müller, « ce qui est bon pour les performances, mais aussi pour les émissions (seulement 220 g/km de CO2, NDLR). L’Artega GT est une sportive socialement acceptable ! ». Une fois l’assemblage du châssis terminé, celui-ci est entièrement revêtu d’une cire protectrice. Du beau travail !

Le châssis aluminium en cours d'assemblage au marbre © Vincent Desmonts

Le châssis aluminium en cours d’assemblage au marbre © Vincent Desmonts

Le moteur est fourni par Volkswagen : il s’agit d’un VR6 à injection directe de 3,6 litres de 300 chevaux, que l’on trouve par exemple à bord de la Passat R36. Il a été choisi pour son implantation transversale, mais aussi pour sa remarquable compacité, grâce à un V ouvert à seulement 10,6°. Au premier plan, la boîte à double embrayage DSG, elle aussi très compacte.

Le moteur VR6 et la boîte DSG sont d'origine Volkswagen © Vincent Desmonts

Le moteur VR6 et la boîte DSG sont d’origine Volkswagen © Vincent Desmonts

Les suspensions sont à doubles triangles à l’avant comme à l’arrière, avec les célèbres amortisseurs jaunes fournis par Bilstein. Les quatre freins à disque ventilés offrent une puissance de freinage amplement suffisante. On distingue sur la photo ci-dessous la partie arrière du châssis, constituée d’un treillis de tubes en acier.

Suspensions à doubles triangles et amortisseurs Bilstein © Vincent Desmonts

Suspensions à doubles triangles et amortisseurs Bilstein © Vincent Desmonts

La compacité est le maître-mot de l’Artega GT, peaufinée jusque dans les moindres détails afin d’optimiser au maximum l’espace disponible. Admirez par exemple cette ligne d’échappement complète : précatalyseurs, catalyseurs, silencieux et sondes prennent un minimum de place.

Des lignes d'échappement en attente de montage. Quelle compacité ! © Vincent Desmonts

Des lignes d’échappement en attente de montage. Quelle compacité ! © Vincent Desmonts

Si la planche de bord est spécifique à l’Artega GT, certains composants (aérateurs, comodos, Neiman…) sont repris de chez Volkswagen. La qualité du travail force le respect. L’habillage en cuir intégral est une option.

Une planche de bord. Aérateurs et Neiman proviennent de chez Volkswagen © Vincent Desmonts

Une planche de bord. Aérateurs et Neiman proviennent de chez Volkswagen © Vincent Desmonts

La carrosserie est réalisée en polyuréthane renforcé à la fibre de carbone : un matériaux léger et résistant employé généralement dans l’industrie aéronautique, et utilisé ici pour la première fois sur une voiture. Après une petite dizaine d’heures de travail, voici le résultat :

Artega GT © Vincent Desmonts

Artega GT © Vincent Desmonts

Pour un compte-rendu d’essai détaillé, je vous invite à lire mon article sur Motorlegend. 😉

You May Have Missed