Kowalski en pleine scène de ménage avec sa Challenger

La minute cinéphile : Point limite zéro

Vanishing Point
Vanishing Point

Les road movies célèbres ne manquent pas : j’en avais évoqué quelques-uns dans mon précédent billet sur Trafic, de Jacques Tati. Ce genre a fleuri aux États-Unis dans les années 60 et 70, en même temps que l’émergence de la société de l’automobile, de la contre-culture et de la beat generation. Au milieu des classiques que sont Macadam à deux voies ou Easy Rider, Point limite zéro (titre original : Vanishing Point) occupe une place à part. Énigmatique, mené tambour battant, ce film s’inscrit dans la tendance existentialiste alors à la mode. Comme Easy Rider, il annonce la fin de l’utopie hippie.

"Ne te retourne pas, je crois qu'on est suivis !"
« Ne te retourne pas, je crois qu’on est suivis ! »

Une Dodge Challenger R/T fonce à travers les grands espaces de l’Ouest américain. À son bord, Kowalski, un ancien pilote reconverti dans la livraison de voitures. Il a parié avec un ami qu’il relierait Denver, dans le Colorado, à San Francisco en moins de 48 heures. Shooté à la benzédrine, dopé à l’adrénaline, Kowalski s’engage dans une course effrénée, fuyant un passé chargé et des souvenirs pénibles. Sur son chemin, il sème des policiers (de plus en plus acharnés !) et croise quelques laissés pour compte en marge de la société américaine.

Point Limite Zéro, un film très chaud !
Point Limite Zéro, un film très chaud !

Il noue surtout une relation à distance avec « Super Soul », l’animateur radio afro-américain aveugle d’une petite station du Nevada. Super Soul écoute les fréquences de la police et prend fait et cause pour Kowalski, avec qui il dialogue par ondes interposées et qu’il érige en « dernier vrai héros américain ». Grâce à Super Soul, et bien malgré lui, le pilote devient l’ambassadeur des sans voix, des sans droit et de tous ceux qui refusent le « rêve américain ». Mais Kowalski seul ne pourra faire le poids face à une société qui rejette ceux qui s’écartent du chemin tracé…

Le Shériff ne fait plus peur (à Kowalski en tous cas)
Le Shériff ne fait plus peur (à Kowalski en tous cas)

L’Amérique n’aime pas trop les histoires de loosers. Point Limite Zéro ne fait pas exception à la règle : la Fox n’a pas cru au succès du film, et l’a sorti en catimini en 1971, dans une version amputée de huit minutes. Éreinté par la critique US, il fait un flop. Seule la riche bande originale, mélange de country, de rock et de sons psychédéliques, aura les faveurs du public. Point Limite Zéro remporte cependant un succès inattendu en Europe, incitant même la Fox à ressortir le film aux États-Unis. Il finira par devenir culte à la faveur de ses diffusions télévisées, à partir de 1976.


Vanishing Point 1971 par Coyote63000

 


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Commentaires

3 réponses à “La minute cinéphile : Point limite zéro”

  1. […] génération de réalisateurs : Week-end (Jean-Luc Godard, 1967), Easy Rider (Dennis Hopper, 1969), Point limite zéro (Richard Sarafian, 1971), Duel (Steven Spielberg, 1971)… En 1971 également, Jacques Tati […]

  2. […] coscénariste) George Miller apparaît étrangement familier, à mi-chemin entre Witness, Duel et Point limite zéro. Et c’est peut-être ce qui le rend si effrayant : dans cet univers, la violence surgit […]

  3. […] Retrouvez La minute cinéphile du blog Entre ciel et terre sur Point limite zéro  ! […]

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