Le DTM expliqué à mon voisin
« Bonjour Monsieur Desmonts, vous avez passé un bon week-end ?
– Excellent, merci. J’étais en Allemagne figurez-vous.
– Ah bon ? Vous passez vos week-ends en Allemagne vous ? (air incrédule)
– Oui, dans la charmante région de Heidelberg, où j’ai notamment visité un passionnant musée. Mais la vraie raison de ma visite en Allemagne, c’était l’ouverture de la saison de DTM !
– Le DTM ? C’est quoi ça ?
– C’est le Deutsche Tourenwagen Masters. En clair, le championnat allemand de voitures de tourisme, une compétition où s’affrontent Audi, BMW et Mercedes. Vous avez entendu parler du BTCC en Angleterre, et vous vous souvenez peut-être du Championnat de France de Supertourisme ? Eh bien c’est l’équivalent allemand.
– Ah oui, je me souviens du Championnat de Supertourisme ! Y’avait de sacrées bagarres dans les années 80 et 90, avec de vrais stars, comme Jean Ragnotti, Jean-Louis Schlesser, Jean-Pierre Malcher ou Yvan Muller ! Mais ça a fini par péricliter…
– C’est vrai. Mais en Allemagne, le DTM reste très populaire. Figurez vous que 87 000 passionnés ont fait le déplacement pour l’ouverture de la saison 2013, sur le circuit de Hockenheim. De quoi largement remplir le Stade de France !
– Ils ont de la chance les Allemands, ils ne connaissent pas la crise !
– Détrompez-vous ! C’est la crise là bas aussi, à tel point que le DTM a du revoir son règlement en 2012 : désormais, toutes les équipes utilisent le même châssis, histoire de réduire les coûts. Du coup, BMW est revenu dans la bataille, après une longue absence. D’ailleurs, la firme de Munich a même remporté le titre l’an dernier, avec le pilote canadien Bruno Spengler.
– Ah ? Et ces voitures, elles ressemblent vraiment à nos « voitures de tourisme » ?
– Extérieurement, un peu. Les constructeurs s’attachent à dessiner des autos proches des modèles de série, en reprenant par exemple le dessin des optiques ou des feux, ou encore la découpe des vitres. Par contre, techniquement, rien à voir. Les châssis monocoques sont en carbone, le pilote est installé quasiment au milieu de la voiture, d’énormes ailerons arrière offrent un maximum d’appui aérodynamique et les autos ne pèsent que 1 100 kilos. Côté moteurs, le règlement impose des V8 de 4 litres et d’environ 470 chevaux. Si l’on en croit les pilotes, la conduite d’une voiture du DTM s’apparente davantage à celle d’une monoplace qu’à celle d’une GT classique. D’ailleurs, les performances sont impressionnantes : au point le plus rapide du circuit d’Hockenheim, au bout de la longue courbe parabolique, les voitures du DTM flirtent avec les 260 km/h !
– Waouh ! J’imagine que les courses doivent être animées ?
– Plutôt, oui ! Il y a une seule course par week-end, précédée d’essais libres et d’une séance de qualifications. La course en elle-même dure un peu plus d’une heure, et la stratégie y tient une place importante : il faut gérer différents types de pneumatiques, et deux arrêts au stands sont imposés. De quoi ménager du suspense ! Et les courses sont spectaculaires : les voitures possédant des performances très proches, c’est vraiment le style des pilotes qui fait la différence. Les contacts sont d’ailleurs assez fréquents : durant la course de Hockenheim, le suédois Mattias Ekström (sur Audi) a même perdu son capot moteur ! Ce qui ne l’a pas empêché de continuer à se battre comme un lion, avant d’être contraint à l’abandon.
– Il y a d’autres pilotes connus en DTM ?
– Bien sûr ! Il y a des gens d’expérience, que ce soit dans le domaine des voitures de tourisme (comme les britanniques Gary Paffett ou Jamie Green), de la F1 (comme l’allemand Timo Glock) ou encore de l’endurance (c’est le cas de l’allemand Mike Rockenfeller). Il y a même un français : Adrien Tambay, fils du pilote de F1 Patrick Tambay, qui roule pour Audi depuis 2012 !
– Ah oui ? Et ça marche bien pour lui ?
– Plutôt pas mal ! Pour sa première saison, il a fini dixième au classement général, devant des gens plus expérimentés comme Andy Priaulx ou David Coulthard. Par contre, la saison 2013 commence plutôt mal : à Hockenheim, Tambay a du abandonner, son Audi RS5 DTM ayant pris feu dès le quatrième tour de course. Dommage, le français s’était montré très combatif… en plus, sa voiture a de la gueule, avec sa livrée Iron Man 3 ! Jugez plutôt…
– Ah ouais, pas mal ! Mais cette course de DTM ne prend tout de même pas tout le week-end ? J’imagine qu’il y a d’autres animations ?
– Heureusement ! Il y a aussi des manches du championnat européen de Formule 3, la Porsche Carrera Cup Deutschland (c’est d’ailleurs un autre français, Kévin Estre, qui a remporté les deux courses du week-end à Hockenheim !) ou encore le Volkswagen Scirocco R Cup.
Et puis le DTM, c’est aussi un village avec des animations et des expositions. Pour les constructeurs engagés, c’est une vraie caravane publicitaire qui parcourt toute l’Europe !
– Ah ? Je croyais que c’était un championnat purement allemand ?
– Le DTM est très centré sur l’Allemagne. Mais le championnat fait également étape au Royaume-Uni (sur le circuit de Brands Hatch, dès le week-end prochain), en Autriche, au Pays-Bas ou encore en Russie. Par le passé, le DTM est même venu en France (au Mans en 2006 et 2008, ainsi qu’à Dijon en 2009).
– Mais alors, qu’est-ce qui lui manque pour se développer davantage en Europe ?
– Probablement le fait que seules trois marques allemandes y participent. Pourtant, dans le temps, Alfa Romeo s’était engagé dans le DTM. Mais aujourd’hui, les constructeurs préfèrent mettre l’accent sur le WTCC, le championnat du monde des voitures de tourisme, qui est présent sur (presque) cinq continents.
– Et y’a moyen de suivre le DTM à la maison ?
– À ma connaissance, aucune chaîne française ne retransmet les courses. Il faudra donc se contenter du direct sur DTM.tv… en allemand uniquement, hélas !
– Arf ! C’est sûrement aussi pour ça que le DTM a du mal à s’exporter…
– Oui, sûrement ! Bon, sur ce, bonne semaine cher voisin, et à la prochaine !
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