Le style Renault, c’était pas mieux avant
Tout le monde s’accorde pour dire que le design Renault ne s’est pas porté au mieux ces dernières années. Au mieux banales (Latitude, Fluence), au pire franchement laides (Vel Satis), les récentes productions de la marque font souvent l’unanimité contre elles. Et tout un chacun de dénigrer Patrick le Quément, directeur du Design Industriel récemment débarqué au profit du néerlandais Laurens van den Acker. C’est oublier un peu vite que le Quément reste le père de la première Twingo et d’une foule de concept-cars somptueux. Il a incontestablement redonné du souffle à un style Renault franchement sclérosé à la fin des années 80. Pour bien s’en rendre compte, je vous propose un petit musée des horreurs : les Renault les moins inspirées de cette époque pas si lointaine !
Renault 15 et 17
La R12 n’était déjà pas un premier prix de beauté. Lorsque Renault décide de la décliner en version coupé, on pouvait donc craindre le pire. Dessinées par un Gaston Juchet probablement sous l’influence d’un haschich encore très répandu en cette époque post-68, la R15 et sa soeur « haut de gamme » la R17 apparaissent aujourd’hui comme les vestiges un peu honteux d’une période faste qui vit à la fois éclore les Pink Floyd et… Dave. Les R15 et R17 sont, vous l’aurez deviné, plus tendance « disco cheap » que rock prog’. Les couleurs flashy de l’époque (jaune, vert, orange…) aidaient à déguiser la banalité d’une ligne sans classe. Mais le velours mauve des sièges viendra à bout de l’estomac le plus endurci. En face, Ford proposait une « mini Mustang » sous la forme de la Capri. Parfum d’Amérique ou blues de Billancourt ? Moi, j’ai choisi.
Renault 20 et 30
Ça, c’est du haut de gamme, Monsieur ! De la belle berline qui fait rêver dans les chaumières ! Situées au sommet de la gamme Renault des années 75-80, les Renault 20 et 30 n’en avaient pourtant pas l’air. Ceux qui déplorent le style banal d’une Latitude peuvent s’y référer : en matière de « non-design », Renault a déjà fait au moins aussi bien ! En plus de leur fadeur, les R20 et R30 ont souffert d’une sous-motorisation chronique et/ou d’une fiabilité précaire. Comme quoi, les déboires du haut de gamme français ne datent pas d’hier. Fin 1983, les R20 et R30 laisseront leur place à la Renault 25. Personne ne les regrettera. Si ce n’est peut-être les frères Marreau, qui remportèrent le Paris-Dakar 1982 aux commandes d’une R20 Turbo 4X4 qui n’avait plus grand-chose à voir avec le modèle de série…
Renault 18
Même dans les années 80, la R18 paraissait déjà vieillotte. Le profil aux proportions hasardeuses, les gros phares mangeant tout l’avant ou encore la malle peu élégamment intégrée ne plaidaient pas en faveur de cette autre œuvre dessinée (de la main gauche) par le « fameux » Gaston Juchet. La seule version intéressante de la gamme, la 18 Turbo de 110 ch, imposait de supporter la vue d’agressifs strippings latéraux, d’un becquet arrière en plastique véritable et du volant « sport » à quatre branches plastico-métalliques typique des Renault sportives de l’époque. Le comble du kitsch étant atteint par les séries spéciales American et American 2 à la carrosserie bicolore gris clair/gris foncé. L’Amérique, certes, mais en version Alerte à Malakoff !
Renault 9 et 11
Le segment des compactes, majeur en Europe, incite généralement les constructeurs à la plus grande réserve sur le plan du style. Mais avec les R9 et R11, Renault a atteint des sommets d’invisibilité. Quelqu’un s’est-il déjà retourné sur le passage d’une R9 ? A moins qu’une blonde à forte poitrine adepte de la conduite nudiste ne se soit trouvée à son volant, il y a fort à parier que non. L’habitacle dominé par les plastiques Renault années 80 où trône l’horrible planche de bord à « casquette » a traumatisé des générations d’enfants, dont votre serviteur. Dommage que le flacon ait été aussi bâclé, car les R9 et R11 étaient par ailleurs tout à fait dans le coup. Qui se souvient d’ailleurs que la 9 fut élue Voiture de l’année en 1982 ?
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